Pourquoi la Fed américaine, la BCE et la BNS devraient très rapidement baisser les taux d’intérêt ? C’est à cause de l’inflation !
Dès 2021, nous avions été parmi les premiers à prévoir la violente hausse des taux qui a démarré l’année suivante (voir références en bas de page). L’inflation explosait partout et les discours lénifiants de banques centrales n’étaient plus crédibles à propos de la hausse supposée temporaire de l’inflation. Nous connaissons la suite.
Aujourd’hui c’est l’inverse, l’inflation est en recul rapide mais les taux restent élevés surtout aux États-Unis, où les taux d’intérêt sont encore accrochés au-dessus de 5% alors que l’inflation a reflué vers 3%. En Suisse, l’inflation est proche de 1% et en Zone Euro proche de 2%, mais les taux y sont toujours nettement supérieurs à l’inflation.
La BNS et la BCE ont déjà baissé leurs taux d’intérêt, mais ce n’est pas fini…Dès ce mois de septembre 2024, les taux devraient-ils continuer de baisser ?
Les fortes fluctuations de l’inflation ces dernières années nous aident à comprendre que ce qui compte vraiment pour l’économie, ce sont les taux réels (=corrigés de l’inflation).
Sur le Graphique 1, les courbes décrivent l’évolution des taux nominaux et les histogrammes donnent la mesure des taux réels (=taux nominaux moins l’inflation).
Graphique 1 : Taux d’intérêt nominaux et réels en % (USA, Suisse et Zone Euro)
Source : TIG
Il est visible que les taux réels étaient fortement négatifs pendant les années 2021 à 2023 quand les taux d’intérêt étaient historiquement bas et que l’inflation explosait. Les banques centrales réagissaient avec retard pour retirer l’effet trop accommodant des taux réels négatifs sur l’économie en montant leurs taux d’intérêt. La situation est désormais inversée. Les taux d’intérêt nominaux fixés par les banques centrales sont supérieurs à l’inflation depuis un an, d’où les taux réels positifs sur le Graphique 1, qui exercent une influence restrictive sur l’économie.
Dans un environnement où les banques centrales sont confiantes que l’inflation est revenue dans son lit (proche de 2%, comme l’indique le Graphique 2) et que les économies montrent des signes de faiblesse, ce n’est plus tenable, il est temps d’abaisser les taux d’intérêt. C’est ce que la BNS et la BCE ont déjà commencé de faire. La Réserve Fédérale devrait vite suivre, dès ce mois-ci, sinon le risque de trop tarder serait de provoquer une récession et un krach boursier.
Graphique de la semaine
L’inflation est sortie de son lit en 2021 pour atteindre son pic en 2022. Cette tendance a été observée globalement avec des amplitudes variées. Le mouvement de désinflation se poursuit encore à bon rythme grâce à la correction importante des prix de l’énergie. Mais les hausses de salaire élevées et l’inflation dans les services n’ont pas encore permis aux niveaux d’inflation de revenir à leurs niveaux antérieurs.
Graphique 2 : Taux d’inflation (%) en glissement annuel (USA, Suisse et zone euro)
Source : TIG
Mouvements sur les marchés
Le fait marquant de la semaine a été la lourde chute des marchés actions et la hausse de la volatilité des actions. Les sociétés dont les résultats ont été publiés en-deçà des attentes des analystes ont été sévèrement sanctionnées. Les prix ont tendance à réagir négativement aux bonnes nouvelles, ce qui dénote du pessimisme ambiant, à l’image de Nvidia qui a publié des résultats meilleurs qu’attendus et perdu néanmoins environ 20% en moins d’un mois. Des dégagements du secteur de la technologie et de l’intelligence artificielle semblent être en cours alors que les investisseurs prennent conscience de leur valorisation excessive.
Tableau 1 : Synthèse des mouvements hebdomadaires sur les principales classes d'actifs
Article invité rédigé par Etienne @ EPA Finconsult, 09 septembre 2024
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Nos précédentes références sur l’inflation et la hausse des taux d’intérêt :
Mai 2021 : Et si l’inflation n’était pas morte ?
Juillet 2021 : Retour de l'inflation, quel impact pour mon patrimoine ?
Octobre 2021 : Que faire si l’inflation s’inscrivait dans la durée ?
Janvier 2022 : Faut-il craindre un virage monétaire ?
Mai 2022 : Et si l’inflation américaine ne décélérait pas de sitôt ?
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