1,3% en rythme annuel, c’est le dernier chiffre de l’inflation en janvier 2024. En forte baisse par rapport à décembre 2023 (1,7%), il a atteint son plus bas niveau depuis novembre 2021. C’est une bonne nouvelle pour la Suisse, le premier pays occidental à vaincre l’inflation. Cette bonne performance a surpris : d’abord les marchés tant l’inflation était en-dessous des attentes (1.7%), mais certainement aussi la Banque Nationale Suisse (BNS) qui craignait un rebond éventuel de l’inflation vers 2%. La BNS devrait s’en trouver réconfortée car ce risque s’éloigne maintenant et ce n’est pas neutre à terme.
Qu’est-ce-que cela signifie pour les mois qui viennent ?
La décélération de l’inflation est rapide, il y a donc deux constatations immédiates. La première est que les taux d’intérêt sont maintenant trop hauts en Suisse et la deuxième, que le franc est désormais trop fort. En conséquence, la BNS pourrait nous surprendre en baissant ses taux d’intérêt de 0,25% pour ramener son taux directeur à 1,50% dès le mois de mars 2024, ceci afin d'éviter qu’une nouvelle spirale de baisse de l’inflation ne s’enclenche.
La BNS se doit d’être vigilante et faire preuve d’agilité. La hausse des taux a pénalisé l’économie suisse avec une remontée perceptible du chômage. De plus, la force du franc depuis de longs mois a lourdement handicapé l’industrie exportatrice suisse qui a le moral en berne. Pour se convaincre du retournement de la dynamique de l’inflation, il suffit d’observer la structure des prix qui reculent de façon quasi généralisée (voir Graphique 1).
Les prix à l’importation (-6,5%) et de production (-0,1%) dégringolent. La seule part des produits importés dans l’indice d’inflation recule (-0,9%) alors que l’inflation d’origine domestique passe sous la barre des 2% et que l’inflation sous-jacente à 1,2% est repassée sous le niveau de l’indice d’inflation (1,3%).
Graphique 1 : Évolution de l'inflation et ses composantes en Suisse
Sources : TIG, OFS
Forte de son succès rapide sur l’inflation, la BNS devrait pouvoir agir vite sur les taux et enclencher une nouvelle dynamique positive pour l’économie. En effet, des anticipations de baisses de taux successives de la BNS, surtout avant la première baisse de taux de la Réserve Fédérale américaine, devraient relâcher la pression haussière sur le franc voire inverser la tendance. Un retour à la parité de l’euro et du franc est envisageable dans les mois qui viennent.
Graphique de la semaine
Le franc s’est effrité depuis quelques semaines par rapport à l’euro. La forte baisse de l’inflation en Suisse, et fait notable plus rapidement que ses pays partenaires, pousse les marchés à envisager une première baisse de taux de la BNS, sans grande conviction car l’inflation semble rebondir aux États-Unis. Même si cela est justifié par les fondamentaux de l’économie suisse, il serait exceptionnel que la BNS baisse ses taux avant la Réserve Fédérale américaine. La tendance baissière sur l’EURCHF pourrait être inversée avec un retour à la parité entre euro et franc en perspective dans les mois qui viennent.
Graphique 2 : Cours du franc pour un euro (EURCHF)
Sources : TIG, BCE
Mouvements sur les marchés
Les marchés des actions en Europe se sont distingués cette semaine, emboîtant le pas des marchés américains la semaine dernière. Les indices boursiers en Suisse (+2%) et en Zone Euro (+1,4%) ont fait de belles progressions. Après la remontée des taux à long terme depuis le début de l’année, ils évoluent en ordre dispersé, émoussés d’avoir anticipé les baisses de taux trop rapides aux États-Unis et en Zone Euro. Le Bitcoin est également la star de la semaine en se hissant au-dessus des 50,000 dollars.
Tableau 1 : Synthèse des mouvements hebdomadaires sur les principales classes d'actifs
Article invité rédigé par Etienne @ EPA Finconsult, 19 février 2024
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