L’inflation a atteint un nouveau palier en dépassant le niveau de 8% depuis mars 2022. Cela fait plus d‘un an que les prix montent, poussés par les prix de l’énergie. Février 2021 a marqué le tournant avec le début de la contribution positive des prix de l’énergie dans l’indice d’inflation, bien avant le début du conflit en Ukraine qui n’a fait qu’aggraver la situation sur le front de l’inflation. Depuis, les trois composantes majeures des prix, alimentaire, énergie et autres ont toutes progressé fortement.
L’inflation s’est généralisée à l’ensemble des secteurs de l’économie américaine. Pour l’instant aucun signe de reflux n’est visible, tout au plus une légère et fragile stabilisation des prix de l’énergie pourrait s’envisager. La bonne nouvelle est qu’après avoir progressé de 11% en mars 2022, les prix de l’énergie ont reflué de 2,7% en avril 2022. Mais la mauvaise nouvelle, c’est que les prix de l’électricité et des services énergétiques ont continué de monter. La contagion de l’inflation dans le secteur énergétique montre que la décélération des prix du secteur de l’énergie serait lente si une réelle baisse des prix du pétrole et du gaz devait s’amorcer.
Toute la chaîne alimentaire est touchée par la hausse du prix des céréales. Les pénuries sur le marché du blé et la désorganisation du marché des céréales tout entier pèsent sur les prix alimentaires. La chaîne alimentaire des producteurs aux supermarchés répercute la hausse des prix des céréales, à la base de nombreux aliments (poulets, bétail, boulangerie, industries alimentaires etc). Certains prix de base comme les céréales, pains, viandes, poissons, œufs et produits laitiers progressent de plus de 1% par mois aux Etats-Unis (plus de 12% en rythme annuel) :
L’inflation s’accélère aussi hors produits alimentaires et énergie et leur contribution représente plus de la moitié de la hausse des prix annuels. Les prix hors produits alimentaires et énergie ont augmenté de 4,8% sur les 8,3% de hausse annuelle des prix annuels enregistrés en avril 2022. Les hausses de prix sont générales même si quelques secteurs ont vu leurs prix exploser avec des contributions significatives dans l’indice des prix : loyers (+1,7%), voitures d’occasion (+0,7%) et neuves (+0,5%), services des transport (+0,4%). Un autre indicateur à suivre, c’est le nombre de sous-composants de l’inflation qui contribuent pour plus de 0,1% à la progression de l’indice des prix. Ce dernier ne cesse de croître mois après mois et a plus que doublé depuis un an.
Au mieux, on pourrait s’attendre à une stabilisation des prix mais toute normalisation serait longue et prendrait quelques années. Les plus optimistes voient désormais une possible légère décélération des prix vers la fin de l’année. Les pessimistes pensent que la guerre en Ukraine va peser durablement sur les prix de l’énergie et du blé et que les goulets d’étranglement dus aux récents confinements prennent des mois voire des années à se résorber. Toujours est-il que cette inflation influencera le rythme de hausse des taux d’intérêt décidé par la politique monétaire de la Réserve Fédérale et par ricochet les taux d’intérêt en Europe (voir notre article nouveau cycle de hausse des taux).
C'est dans un contexte comme celui qu'on a actuellement que l'on saisit mieux pourquoi il est important de comprendre la politique monétaire, car celle-ci impacte directement le cours de nos investissements (accédez ici à notre cours sur la politique monétaire).
Article invité rédigé par Etienne @ EPA Finconsult, le 18 mai 2022
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